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  • Photo du rédacteurIsabelle Fleury

La musique et moi

Dernière mise à jour : 13 août 2023

Je suis très excitée de retourner à l’automne étudier en musique en composition instrumentale, dans ma faculté adorée. Je vais enfin suivre les cours préalables à la maîtrise que je n’ai pas suivis il y a 17 ans pour cause d’épuisement étudiant. À l’époque, je m’étais mis une pression énorme de terminer mon baccalauréat en 3 ans. Je croyais être trop vieille et en retard sur le grand programme de ma vie. N’importe quoi. Je passe depuis mon temps à l’université.


Je suis heureuse de reprendre mes études là où je les avais laissées, mais j’avoue ne toujours pas bien comprendre ce que je fais là. Je continue d’avoir le sentiment d’être une extraterrestre à la faculté. C’est toutefois une chouette faculté, où les bonhommes verts sont bienvenus. Je suis constamment surprise d’à quel point les gens y sont gentils, bienveillants, sensibles et généreux. C’est probablement le facteur principal qui m’a gardée et ramenée en musique. C’est du bon monde. Des gens travaillants et persévérants dotés d’une incroyable capacité d’écoute et qui aiment faire partie de quelque chose de plus grand qu’eux. Je me reconnais, là-dedans.


Il reste que je ne suis pas spécialement passionnée par la musique. J’en écoute très rarement. Lorsque j’en écoute, je suis incapable de faire autre chose en même temps. Je ne ressens pas le besoin d’en écouter, parce que mon cerveau est constamment en train d’en inventer.


Je suis souvent agressée par les musiques d’ambiance, que je mémorise rapidement et qui prennent de la place inutile dans ma tête. Dans un film ou une série, je reconnais très vite les leitmotivs et les émotions que veut me transmettre la musique. Je l’apprécie quand c’est bien fait, mais la musique peut facilement me taper sur les nerfs et me placer dans un état de surcharge mentale, par exemple dans un film d’action ou un jeu vidéo.


Je ne peux pas écouter de la musique pour travailler. Ça me distrait trop. Si j’ai besoin de m’enfermer dans une bulle sonore, j’écoute la mer.


Je n’excelle à aucun instrument. J’en ai essayé plusieurs : la flûte à bec, la flûte traversière, le saxophone, la clarinette, le didgeridoo, le piano, le violon, la guitare, le ukulélé. J’aimerais bien essayer la harpe. Mais je suis toujours bloquée par mes doigts. À un moment donné, ils ne suivent plus ce que je veux exprimer. D’où ma révélation quand j’ai découvert le chant. Je peux exprimer tout ce que je veux avec ma voix. On chante avec tout notre corps et pas juste nos fichus doigts. C'est merveilleux! Mais comme c’est un instrument que tout le monde possède, ça ne me semble pas très spécial.


Bref. Tout ça pour dire que je ne me considère pas vraiment comme une musicienne ni une passionnée de musique.


Mais il y a un aspect de la musique qui me passionne réellement : elle se nourrit des différences et de l’unicité de chacun. C’est une discipline extrêmement rassembleuse, capable d’unifier les langues, les cultures, les arts, les générations et les émotions. C’est vraiment trippant! On aura dans une même œuvre un chœur d’enfants, un chœur d’adultes, un orchestre symphonique composé d’un tas d’instruments diverses et un public. La timbale n’essaiera pas d’être un violon, jouera moins souvent, mais sera tout aussi importante. Elle marquera par exemple le grondement de la colère. On pourra chanter dans plusieurs langues en même temps et ce sera en harmonie. Même l’enseignement de la musique est interdisciplinaire : on touche également à l’histoire, à la sociologie, à la géographie, aux mathématiques, au français, à la danse et au théâtre. La musique donne une dimension aux mots comme au silence. Elle est à la fois raison et émotion.


Lors de mon entrevue d’admission en musique il y a 20 ans, j’avais été surprise par les propos de ma future professeure d’harmonie. Elle était très enthousiaste devant ma candidature. Elle disait que ça paraissait que la musique m’habitait et que j’avais des choses à dire.


C’est pour ça que je suis là. C’est en moi.


Alors je retourne étudier, pour devenir une meilleure compositrice et avoir les outils dont j’ai besoin pour exprimer un univers prisonnier de ma tête. Au départ, ce devait être une œuvre sur le silence. Finalement, ce sera plutôt sur la communication. Quand j’aurai réussi à créer un monde musical cohérent et harmonieux alliant français, anglais, innu-aimun et langue des signes québécoise, ce sera le temps de me lancer en politique!

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